Ci-gît
La nuit est si belle au-dessus de moi. Comme leur geste demeure incompréhensible. Je suis moribond dans ce sac dans lequel ils m’ont jeté. Ma lente agonie finira t’elle dans cette enveloppe si affreusement dorée ? Probablement, car je sens mes forces décliner.
Ma solitude me gèle à cœur. Cet abandon sera le coup de grâce.
Mes jeunes années me reviennent pour achever ce supplice lancinant. Cette période correspondait-elle à ce terme étrange qu’ils utilisent sans cesse : le bonheur ?
Comment le saurais-je ? Les autres hantent mes pensées. Quelles furent leurs destinées ? Meilleures que la mienne ? Je l’espère. De toutes façons, est-il pire devenir ?
Le vent me frôle et me pousse sur ce trottoir hostile, âme grise des villes acérées et je me remémore la brise d’antan ou la pluie espérée.
La nuit se dissipe, à présent, fragmentée par le soleil dont la chaleur me manque si cruellement. Au moins, me baignerai-je une dernière fois dans son or -le seul qui fut précieux- avant la fin. Lui, qui savait si bien me faire revivre après l’hiver lorsque je puisais dans sa force, la mienne et mon réconfort après avoir enduré le gel, la neige, les rudesses des bourrasques.
Un passant s’approche et m’évite machinalement, sans le moindre regard. Il est comme eux. J’ai cessé de plaire; je n’existe plus. Leur joie, surtout celle de leurs enfants, en m’enlevant à ce traître qui m’arracha aux miens, qui me faucha en pleine vie; les décorations et les guirlandes dont ils m’ont paré ensemble; les présents qu’ils ont déposés sur ce pied de plastique, hideuse prothèse pour mes racines perdues, tout cela devait-il aboutir à ceci ?
Je ne comprends pas.
Comment le saurais-je ? Les autres hantent mes pensées. Quelles furent leurs destinées ? Meilleures que la mienne ? Je l’espère. De toutes façons, est-il pire devenir ?
Le vent me frôle et me pousse sur ce trottoir hostile, âme grise des villes acérées et je me remémore la brise d’antan ou la pluie espérée.
La nuit se dissipe, à présent, fragmentée par le soleil dont la chaleur me manque si cruellement. Au moins, me baignerai-je une dernière fois dans son or -le seul qui fut précieux- avant la fin. Lui, qui savait si bien me faire revivre après l’hiver lorsque je puisais dans sa force, la mienne et mon réconfort après avoir enduré le gel, la neige, les rudesses des bourrasques.
Un passant s’approche et m’évite machinalement, sans le moindre regard. Il est comme eux. J’ai cessé de plaire; je n’existe plus. Leur joie, surtout celle de leurs enfants, en m’enlevant à ce traître qui m’arracha aux miens, qui me faucha en pleine vie; les décorations et les guirlandes dont ils m’ont paré ensemble; les présents qu’ils ont déposés sur ce pied de plastique, hideuse prothèse pour mes racines perdues, tout cela devait-il aboutir à ceci ?
Je ne comprends pas.
Je distingue d’autres compagnons d’infortune, plus loin, disparaissant dans cet animal qui s’approche dans un rugissement métallique, nourri par ces êtres serviles qui nous jettent sans remord dans sa gueule.
Mon tour est venu.
[ 11 janvier 2007 ]
[ 11 janvier 2007 ]