Le bonheur, indice économique
Dans le Figaro, hier, un article (1) expliquait la mise en équation du bonheur par les économistes afin de créer un indice, le Bonheur National Brut. Au cours du forum d’Istanbul réunissant plus de mille statisticiens et économistes d’une cinquantaine de pays, Angel Gurria, le secrétaire général de l'OCDE, a rappelé les propos de Robert Kennedy "le PIB mesure à peu près tout, sauf ce qui rend la vie digne d'être vécue". Ce nouvel indice plus accessible à l’ensemble des individus, devrait mesurer le progrès et peut-être remplacer le quinquagénaire PIB dont Anat Itay, professeur à l'université de Jérusalem, souligne les faiblesses en ces termes "Il ne prend pas en compte ce qui est produit en dehors du marché, il n'est pas conçu pour mesurer le bien-être et il ignore les dégâts faits à l'environnement".
Richard Layard, professeur à la London School of Economics, l’un des partisans du BNB précise : "La pierre angulaire du progrès c'est le bonheur. À la fin du XVIIIe siècle on ne parlait que de cela. Ce n'est que tout récemment qu'on recommence à y réfléchir. Nous devons être capables de mesurer réellement l'effet des politiques gouvernementales sur la vie des gens."
Quant à la méthode (2) cela pourrait être celle de Ruut Veenhoven, professeur de l'université Erasmus de Rotterdam qui a mesuré sur une échelle de zéro à dix pour 95 pays, le BNB suite à la réponse apportée par les habitants à la question suivante "Dans quelle mesure êtes-vous actuellement satisfait de votre vie ?" Selon lui, les facteurs de satisfaction d'une population sont assez prévisibles : "Les pays heureux sont ceux qui sont riches, dont l'économie est compétitive, démocratiques et bien gouvernés. À cela s'ajoute des choix de société comme l'égalité des sexes et la tolérance, la possibilité de rechercher le mode de vie qui vous convient le mieux".
Après avoir pris connaissance de ces informations, hier, j’étais partagée. Le BNB, après tout, pourquoi pas ? Pour avancer, mieux vaut éviter les préjugés. Pourtant, l’idée de quantifier, de mesurer, le bonheur me paraît être un non sens, tant les définitions, les degrés d’appréciation, les schémas personnels sont divers voire antagonistes. Par ailleurs, que signifierait cet indice dans la mesure où le bonheur soit volatile et que la réponse apportée par une personne P à un instant T puisse devenir caduque à l’instant T+1 (je crois que ma terminale lettres et maths vient de me reprendre). De plus, j’ai tendance à penser que cela fasse partie des sentiments et des émotions qui ne puissent être réellement chiffrables.