Conte hivernal -3-
Après avoir regardé alentour, Hermine huma l’air du temps, l’air de rien. Descendue de son abri arboricole, aux premières lueurs du jour, elle se remit en route. Seule, désormais. Elle marchait entre les mélèzes squelettiques qui se penchaient sur elle en prétextant le vent et les troncs noirs des sapins, décidés à dissimuler, complices, un être malfaisant. Mais cela ne devait être que pure subjectivité. Du moins, tenta-t’elle de s’en convaincre tout en regrettant que Pivot ne soit pas là.
Au détour d’un sapin, son cœur s’étrilla. Sur la blancheur ouatée, gisait le cadavre d’un furet ensanglanté. Etonnamment, il ne portait aucune trace carnassière. Des frissons lui parcoururent instantanément l’échine et une sensation bizarre l’envahit. Celle d’une survivante, d’une réchappée. Le vent hurla dans les branches. Puis tout se tut. Étrange minute de silence tacitement concertée. Presque aussi affreuse que ce carnage. Ses pattes tremblèrent jusqu’à une trouée lumineuse. Elle était à l’orée d’une clairière. Gelée par le froid et la faim, elle s’enfonça dans l’épaisse neige de la pâture.
Le sort ne lui en avait pas joué un mauvais puisqu’il l’avait guidée vers la cabane d’Yvrette. Bonne fée mais rarement sobre, Yvrette était difficilement trouvable à jeun ce qui compromettait le succès de ses sortilèges. Heureusement, la bonne fortune d’Hermine continuait. Yvrette n’avait pas encore eu le temps d’entamer le dialogue avec la bouteille de Génépi. Après qu’Hermine, assise sur un petit trépied rupestre, lui eût expliqué ses malheurs, Yvrette, émue, lui accorda généreusement trois vœux. Il s’agissait de ne pas se tromper dans le choix et ne pas laisser filer sa chance. Aussi, quelques minutes s’égrenèrent-elles. Et, lorsqu’elle lui confia ses trois souhaits, Yvrette désoeuvrée avait déjà réconforté le Génépi.
- Voilà mes trois vœux, bonne fée. Tout d’abord, pouvoir me transporter où je le souhaiterai.
- Accordé.
- Ensuite, pouvoir faire apparaître ce que je demanderai.
- Aa.... Hic. Aaaaccordé.
- Enfin, obtenir la fortune.
- Aaa... Hic. Hhmm. Aacc.... Crénnnnom d’une li, d’une limacccce galeuuuseee ! Forrrt, ce Gé. Hic. Ce Génnnnépiii. Allllez... Dac !
- Dac ? Mais n’y a-t’il pas un protocole ? Une sorte de formule réglementaire et homologuée pour la validité d’un souhait ?
- Bouuh nan ! Nan-nan !
- Ah ? Bon... Deux c’est déjà pas mal. Je ferai avec. Merci Yvrette et que Dionysos vous garde.
Sur ces mots, elle prit congé et referma la petite porte de l’aimable éméchée. Elle emplit ses poumons de l’air imbibé d’un parfum résineux et formula intelligiblement :
Où je serai utile à Renard, je veux
Que me transporte mon premier vœu.
Au détour d’un sapin, son cœur s’étrilla. Sur la blancheur ouatée, gisait le cadavre d’un furet ensanglanté. Etonnamment, il ne portait aucune trace carnassière. Des frissons lui parcoururent instantanément l’échine et une sensation bizarre l’envahit. Celle d’une survivante, d’une réchappée. Le vent hurla dans les branches. Puis tout se tut. Étrange minute de silence tacitement concertée. Presque aussi affreuse que ce carnage. Ses pattes tremblèrent jusqu’à une trouée lumineuse. Elle était à l’orée d’une clairière. Gelée par le froid et la faim, elle s’enfonça dans l’épaisse neige de la pâture.
Le sort ne lui en avait pas joué un mauvais puisqu’il l’avait guidée vers la cabane d’Yvrette. Bonne fée mais rarement sobre, Yvrette était difficilement trouvable à jeun ce qui compromettait le succès de ses sortilèges. Heureusement, la bonne fortune d’Hermine continuait. Yvrette n’avait pas encore eu le temps d’entamer le dialogue avec la bouteille de Génépi. Après qu’Hermine, assise sur un petit trépied rupestre, lui eût expliqué ses malheurs, Yvrette, émue, lui accorda généreusement trois vœux. Il s’agissait de ne pas se tromper dans le choix et ne pas laisser filer sa chance. Aussi, quelques minutes s’égrenèrent-elles. Et, lorsqu’elle lui confia ses trois souhaits, Yvrette désoeuvrée avait déjà réconforté le Génépi.
- Voilà mes trois vœux, bonne fée. Tout d’abord, pouvoir me transporter où je le souhaiterai.
- Accordé.
- Ensuite, pouvoir faire apparaître ce que je demanderai.
- Aa.... Hic. Aaaaccordé.
- Enfin, obtenir la fortune.
- Aaa... Hic. Hhmm. Aacc.... Crénnnnom d’une li, d’une limacccce galeuuuseee ! Forrrt, ce Gé. Hic. Ce Génnnnépiii. Allllez... Dac !
- Dac ? Mais n’y a-t’il pas un protocole ? Une sorte de formule réglementaire et homologuée pour la validité d’un souhait ?
- Bouuh nan ! Nan-nan !
- Ah ? Bon... Deux c’est déjà pas mal. Je ferai avec. Merci Yvrette et que Dionysos vous garde.
Sur ces mots, elle prit congé et referma la petite porte de l’aimable éméchée. Elle emplit ses poumons de l’air imbibé d’un parfum résineux et formula intelligiblement :
Où je serai utile à Renard, je veux
Que me transporte mon premier vœu.